À droite : photographie tirée du projet #CadrerLeQuotidien
Histoires de confinement : une mission photographique
En pleine pandémie, le Musée McCord a invité le public et Michel Huneault à documenter, chacun à sa façon, les réalités quotidiennes du confinement.
En cette journée mondiale de la photographie, rappelons que, le 19 août 1839, le physicien François Arago (1786-1853) dévoilait le secret du daguerréotype, le procédé photographique mis au point par Louis-Jacques-Mandé Daguerre (1787-1851). Cette annonce, faite à Paris devant les académies des sciences et des beaux-arts réunies, marque le début de la photographie. Par la même occasion, l’État français décide de verser le procédé au domaine public pour que tout le monde puisse s’adonner à la photographie.
La pandémie de COVID-19, qui continue de sévir, a été l’occasion pour le Musée McCord de mettre à profit cette formidable invention. Dans une volonté d’action citoyenne, le Musée a lancé, à la fin de mars 2020, un grand projet afin de garder en mémoire la résilience des Montréalais pendant cette période, rendue traumatisante par le confinement obligatoire et le nombre effarant de personnes atteintes ou décédées. On a invité les membres du public à partager sur les réseaux sociaux des photographies, intérieures ou extérieures, de la vie quotidienne en utilisant le mot-clic #CadrerLeQuotidien. À la fin du mois de juillet, plus de 3778 clichés avaient été publiés dans le contexte de Cadrer le quotidien : histoires de confinement.
Parcourir ces témoignages visuels procure un fort sentiment de solidarité et de proximité malgré l’isolement. On y trouve de tout : des scènes la vie de famille, des manifestations de solitude ou de tendresse, la table de télétravail, les objets de la maison, les rues désertes, la nature qui s’éveille au printemps et de multiples visages. L’ensemble, qui révèle une étonnante communauté d’intérêts, dégage de la poésie, de l’art, de l’humour et un sens retrouvé de la contemplation.
À ce volet participatif s’est greffée une mission photographique consistant à documenter la crise sanitaire. Elle a été confiée au photographe documentaire Michel Huneault, dont le choix a été motivé par ses réalisations antérieures sur les bouleversements liés aux catastrophes, aux traumatismes collectifs et aux changements climatiques, notamment Lac-Mégantic, Post Tohoku et Roxham. De cette mission, 30 photographies, choisies de concert par l’artiste et la conservatrice, enrichiront la collection du Musée.
En avril 2021, soit un an après le début du confinement, le Musée exposera le résultat du travail de Michel Huneault, ce qui permettra d’approfondir la réflexion sur cette période inouïe. Pour le photographe, ce mandat – qui l’a mené de sa propre mise en quarantaine à la ville désertée, puis au cœur de la bataille dans les hôpitaux et les CHSLD – aura constitué une « expérience extrême ». Pour le Musée, les deux volets de ce projet, les témoignages des Montréalais et celui de l’artiste, sont d’une valeur inestimable.