Exposition de photographies
Jusqu'au 19 février 2023
Disraeli revisité
Chronique d’un événement photographique québécois
L’exposition Disraeli revisité marque le 50e anniversaire d’un événement majeur de l’histoire de la photographie au Québec : le projet Disraeli. Réalisée en collaboration avec les quatre photographes du projet, l’exposition cherche à célébrer, élargir et réviser le projet original de Disraeli en rassemblant des photographies et des documents qui racontent l’histoire de plusieurs points de vue.
À travers 144 photographies (dont plus de 67 inédites), 44 documents d’archives et une vidéo, découvrez le projet Disraeli qui a fait l’objet d’une vive polémique dans les années 70, et qui a permis une réflexion profonde sur la représentativité et le droit à l’image.
Le projet Disraeli
En 1972, un collectif de jeunes photographes et de recherchistes – formé de Claire Beaugrand-Champagne, Michel Campeau, Roger Charbonneau et Cedric Pearson, Maryse Pellerin et Ginette Laurin – reçoit une bourse du programme d’aide fédéral Perspectives-Jeunesse pour passer l’été à Disraeli, une ville dans la région de Chaudière-Appalaches. Pendant trois mois, le groupe réside aux côtés des habitants de la région, réalisant un portrait photographique collaboratif de « l’ordinairement vécu » dans une communauté rurale du Québec.
Tout au long de leur séjour, les membres du groupe photographient et interviewent les gens de la localité et développent des amitiés. Cette proximité permet la réalisation de portraits dans lesquels les personnes sont photographiées en action ou posant avec désinvolture dans le milieu où elles vivent et travaillent.
La polémique
Dans les mois et les années qui suivent, les photographies du groupe circulent largement dans la presse québécoise, suscitant une réaction négative de la part de certains membres influents de Disraeli, qui soutiennent que les habitants de la ville ont été mal représentés en raison du regard « misérabiliste » des photographes. Il s’ensuit une véritable tempête médiatique au cours de laquelle est débattue publiquement, pour la première fois au Québec, l’éthique de la représentation photographique. Pour les quatre photographes, l’événement a marqué un tournant dans leur carrière respective.
Un corpus photographique et audio inédit
En collaboration avec les photographes, Zoë Tousignant – commissaire de l’exposition et conservatrice de la collection Photographie au Musée McCord Stewart – a revisité l’imposant corpus d’images et a choisi de présenter plus d’une soixantaine de photographies inédites, l’objectif étant d’offrir au public une nouvelle perspective sur ce projet.
Une série d’enregistrements audios – réalisés par les recherchistes du collectif, Ginette Laurin et Maryse Pellerin – que l’on croyait perdue a été retrouvée pendant les préparatifs de l’exposition. Ces enregistrements, en plus de permettre une incursion dans le paysage sonore qui imprégnait les séances de photographie, constituent des documents exceptionnels sur l’histoire d’une époque et d’un lieu.
Biographies des photographes
Claire Beaugrand-Champagne
Première femme photographe de presse au Québec, Claire Beaugrand-Champagne est représentative d’une génération de photographes qui, dans les années 1970, se sont donné pour mission d’explorer le milieu social québécois. Travaillant souvent en petits groupes sur des territoires désignés et selon un style documentaire, ils ont marqué une époque dans l’histoire de la photographie au Québec.
Claire Beaugrand-Champagne est toujours restée fidèle aux questions sociales, se concentrant de plus en plus sur les gens de son entourage, jusqu’à en faire aujourd’hui son principal sujet de reportage. Chez elle, photographier est un geste qui participe de la découverte d’une personne et qui souvent marque le début d’une relation durable. De ces moments authentiques et chaleureux surgit le dépassement du quotidien qui nous rassemble et nous émeut.
Ses tirages, de petites dimensions au regard de la tendance actuelle dans l’art contemporain, appellent la proximité et le partage. Ils sont identifiés de façon manuscrite, car il est important pour la photographe que le nom des personnes fasse corps avec l’image. C’est, à son avis, une juste reconnaissance envers ceux qui se sont laissés prendre à son jeu, jusqu’à lui confier des bribes de leur vie.
Claire Beaugrand-Champagne a également travaillé pour divers organismes, magazines et journaux, et a participé à de nombreux événements artistiques. Ses photographies, maintes fois exposées partout dans le monde, font partie de plusieurs collections muséales canadiennes.
Son oeuvre constitue un précieux héritage pour les générations à venir.
Michel Campeau
Réflexions sur l’existence et la création, les travaux de Michel Campeau jalonnent les cinq dernières décennies de la photographie contemporaine. L’artiste s’intéresse à l’héritage esthétique et conceptuel légué par la culture matérielle de la photographique argentique.
Michel Campeau a été choisi, en 1994, le lauréat international du Prix de la photographie d’Higashikawa au Japon. Un survol rétrospectif intitulé Les images volubiles – Travaux photographiques, 1971-1996 a été organisé par le Musée canadien de la photographie contemporaine à Ottawa en 1996. En 2004, Plein Sud, Centre d’exposition en art actuel à Longueuil a présenté l’exposition Arborescences. Beauté et paradoxes. La monographie DARKROOM a été publié en
2007 par les éditions Parr/Nazraëli Press précédée par la parution d’extraits dans le magazine newyorkais Aperture. Ses oeuvres sur les chambres noires ont été sélectionnées pour l’exposition New Photography présentée lors du New York Photo Festival à Brooklyn en 2008 et dans le cadre de la programmation officielle des Rencontres d’Arles en France en 2010.
Ses recherches et ses travaux ont connu leur apogée récemment avec les expositions Avant le numérique, présentée au Musée McCord, à Montréal en 2018 et The Donkey that Became a Zebra: Histoires de chambre noire, inaugurée au Fotografie Forum Frankfurt à Francfort en 2019. Deux publications ont accompagné ces prestations, soit Rudolph Edse. Une autobiographie involontaire et The Donkey that Became a Zebra: Histoires de chambre noire, parues aux Éditions Loco à Paris, la première en coédition avec le Musée McCord à Montréal. En septembre 2020, l’exposition Inside the Argentic Darkroom with Digital Camera and Scanner, à la Galerie Prospekto, à Vilnius en Lituanie a réitéré la singularité et le bien-fondé de ses actes artistiques.
Maintes fois récipiendaire de bourses de recherche et de création, Michel Campeau a reçu la Bourse de carrière Jean-Paul Riopelle octroyée par le Conseil des arts et des lettres du Québec, en 2009, et il a été le lauréat du Prix du duc et de la duchesse d’York, remis en 2010 par le Conseil des arts du Canada. Ses oeuvres font partie de nombreuses collections, tant au Canada qu’à l’international.
Michel Campeau est né en 1948. Il vit et travaille à Montréal, Québec, Canada.
Roger Charbonneau
Privilégiant depuis ses débuts, dans les années 70, la photographie d’auteur documentaire à caractère social, Roger Charbonneau s’est fait connaître principalement pas des séries photographiques comme ses « Quartiers populaires de Montréal » de même que par son travail collectif avec le Groupe d’action photographique, regroupant Gabor Silazi, Claire Beaugrand-Champagne, Michel Campeau, Pierre Gaudard et Serge Laurin. C’est dans la lignée de ce type
de travail qu’il a participé à « Disraeli, une expérience humaine en photographie, 1972 », acquis par le Musée National des Beaux-Arts du Québec en 1999.
Se réclamant de l’influence d’August Sanders et Bruce Davidson, il explore le tissu social par l’intermédiaire du portrait et du paysage urbain, soucieux avant tout du respect de ses sujets, à travers lesquels il cherche à rendre compte de l’ordinaire et de l’ordinairement vécu.
Collections
Musée des beaux-arts de Montréal, Musée national des beaux-arts du Québec, Musée canadien de la photographie contemporaine, Musée McCord Stewart, Conseil des arts de Montréal, Écomusée du fier monde.
Travaux récents
• Portraits et intérieurs (2012 à aujourd’hui)
• Paysage social urbain (2012 à aujourd’hui)
• Un portrait de Compagnons de Montréal (2015-2018)
• Pigeon Hill (2014)
Cedric Pearson
Cedric Pearson est né en Grande-Bretagne et il a émigré au Canada à un très jeune âge. Il a grandi à Ottawa et a effectué des études postsecondaires en architecture. C’est à Ottawa qu’il fait ses premières armes comme photographe professionnel et éditeur de photo. En 1975, il déménage au Québec où il vit pendant 25 ans.
L’intérêt de Cedric pour la photographie s’est manifesté dès l’adolescence lorsqu’il observa le frère plus âgé d’un ami d’école fabriquer des cerfs-volants auxquels ce dernier attachait un appareil photo «brownie» pour faire des photographies aériennes. Cedric se procure un appareil photo Kodak pliable pour faire des images et un autre ami d’école lui a montré comment développer les photos. Ses premières photographies étaient assez aléatoires, mais il a développé un intérêt
pour les paysages et la nature grâce à un cousin, Freeman Patterson, qui était célèbre pour ses photographies de ces thématiques. Par l’intermédiaire de Freeman, Cedric a été présenté à l’Office national du film et en particulier à Ron Solomon, qui était monteur photo dans la division Stills. Ron est devenu un mentor qui a incité Cedric à envisager la photographie documentaire sociale et l’a conseillé sur l’attitude et l’approche souhaitables pour ce type d’images.
En 1971, à l’exposition présentée par l’Office national de film, Photographie 25 – qui comprenait plusieurs de ses images – Cedric a rencontré des photographes du Québec qui développait une nouvelle approche de la photographie documentaire sociale. Son intérêt pour ce travail et les nouvelles attitudes sociopolitiques émergentes des Québécois l’ont mené à inviter ses nouvelles connaissances à participer à un projet photographique documentaire social au Québec. Finalement, c’est la ville de Disraeli dans les Cantons de l’Est qui a été choisie et pendante l’été de 1972, il a été rejoint par trois autres photographes et deux documentalistes pour mettre le projet à exécution. L’exposition et la publication des photographies de ce projet ont fait l’objet de discussions passionnées et d’une importante controverse.
Dans les années qui suivent, Cédric réalise un projet documentaire sur l’histoire du cabotage sur le fleuve Saint-Laurent qui se conclut en 1978 lorsque les dernières goélettes cessent de naviguer. Par la suite, il entreprend un autre projet concernant la Grande Noirceur de Duplessis et les précurseurs du nouveau nationalisme québécois. Ce projet le pousse à retourner à l’université et à étudier les communications dans le but de réaliser une vidéo sur ce sujet. Des circonstances inattendues l’amènent à déménager à Rimouski où il retrouve son intérêt pour l’architecture et participe à quelques projets. Pendant son séjour à Rimouski, il a également poursuivi des études postsecondaires en marketing.
En 2000, il redéménage à Ottawa où il travaille comme photographe et enseigne la photographie dans divers lieux, dont deux collèges provinciaux, une école d’art photographique, un conseil des arts, et des ateliers privés. Ces dernières années, il a été impliqué dans la conception et la publication de livres – romans, poésie, essais et en particulier des livres photographiques.
Ce que l'on en dit
« Une réflexion toujours actuelle sur le droit à l’image, notre sensibilité à la critique et l’incidence sociale de l’art. » La Presse
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