Montréal en devenir – Duncan, peintre du 19e siècle

De ville à métropole : Montréal révélée à travers cinq décennies d’aquarelles au Musée McCord Stewart

Montréal, le 31 mai 2023. – Du 2 juin 2023 au 21 avril 2024, le Musée McCord Stewart présente l’exposition Montréal en devenir – Duncan, peintre du 19e siècle. Avec cette première rétrospective consacrée au peintre et aquarelliste James Duncan, le Musée poursuit son cycle d’expositions vouées à la transformation du paysage urbain montréalais en abordant, cette fois, une période charnière dans le développement de Montréal vers la métropole qu’elle est aujourd’hui. Placée sous le commissariat de Christian Vachon (conservateur, Art documentaire, et chef, Gestion des collections au Musée McCord Stewart) et de Laurier Lacroix (C.M., professeur émérite à l’Université du Québec à Montréal), l’exposition présente les différents regards portés par l’artiste qui, une fois combinés, dressent un portrait vivant et fouillé de la ville entre les années 1830 et la fin des années 1870. Le public découvrira ainsi la topographie de l’île, le paysage urbain montréalais et des vignettes de la vie de ses habitantes et habitants. En guise d’épilogue, l’œuvre du studio d’art numérique Iregular réinterprète les œuvres de Duncan, sous la forme d’images de synthèse issues de l’intelligence artificielle, proposant un univers recomposé et des paysages rêvés d’un Montréal qui n’est plus. L’exposition est présentée par La Presse.

Précurseur du photoreportage

Véritable chroniqueur de son temps, James Duncan documente l’évolution de la ville au cours des cinq décennies où il est actif. Les témoignages qu’il peint en offrent un précieux souvenir visuel avant que la photographie ne puisse rendre compte de l’actualité. Certaines des observations réalisées par l’artiste font d’ailleurs l’objet de diffusion dans la presse britannique. Duncan est aux premières loges pour commémorer les manifestations heureuses ou tragiques qui animent la vie montréalaise. Durant cette période, l’agglomération passe d’une ville moyenne de quelque 27 000 âmes à une métropole de plus de 140 000 individus. L’exposition permet donc d’observer cette évolution accélérée de la ville à partir des différents points d’observation privilégiés par l’artiste : le mont Royal et l’île Sainte-Hélène.

« La réunion de plus d’une centaine d’œuvres de Duncan permet de suivre l’évolution de sa carrière et en même temps celle de Montréal. Par ses vues panoramiques, Duncan fournit une mise à jour constante des changements qui transforment la ville. La suite des vues de bâtiments d’Hochelaga Depicta (1839), par exemple, montre en détail la ville coloniale britannique à une étape de son développement », explique Laurier Lacroix.

Duncan est aussi aux premières loges de la construction de l’identité canadienne de Montréal au sein de l’Empire britannique. Cette identité – qui s’est construite dans une volonté avérée de se distinguer des États-Unis et de la Grande-Bretagne – passe par l’appropriation de pratiques autochtones pour en faire des activités récréatives populaires. Des œuvres illustrent ainsi des parties de crosse, des courses de raquette et des glissades en toboggan.

Amoureux de Montréal

Particulièrement intéressé par les mœurs locales, l’artiste peint l’animation de la rue où les citadines et les citadins s’adonnent à leurs activités quotidiennes. Sensible au mouvement des saisons, il célèbre les couleurs de l’automne et s’inspire remarquablement de l’hiver. Vivant surtout des commandes et de la vente de ses œuvres aux touristes, James Duncan place l’accent dans ses œuvres sur des aspects propres à Montréal que le public étranger perçoit comme exotiques : l’hiver, l’habillement, les scènes de marché, les moyens de transport, les loisirs et les particularités de l’environnement physique urbain.

« Duncan est l’un des premiers artistes britanniques à s’établir définitivement à Montréal. L’observation de ses œuvres nous permet de constater qu’il adorait sa ville d’adoption. J’espère que les gens vont découvrir l’histoire d’une ville qu’ils ne connaissent peut-être pas, et qu’ils vont retenir de cette rétrospective que Montréal est une ville splendide et unique, et qu’elle l’a toujours été », précise Christian Vachon.

Photographies objets

Duncan retrouvé

Cette première rétrospective permettra au public de découvrir les qualités artistiques de ce peintre rapidement oublié après sa mort :

« Même à la fin de sa vie, les critiques dans les journaux le qualifiaient d’ancien, car l’attention se portait à ce moment sur des peintres plus jeunes proposant un style plus moderne. Ce sont les musées et les collectionneurs qui le redécouvrent beaucoup plus tard, pour la qualité documentaire de son travail, plutôt que pour les qualités esthétiques de ses œuvres. Les vues de Montréal se sont imposées comme la marque de commerce de l’artiste qui, toujours au fait des développements qui caractérisent la ville, les actualisait. Pourtant, son talent de paysagiste est indéniable. L’exposition célèbre donc à la fois la valeur documentaire de son œuvre et le talentueux paysagiste qu’était Duncan », explique Christian Vachon.

« J’avais une compréhension superficielle de Duncan à partir des quelques images les plus souvent représentées. J’ai découvert un peintre attentif à l’évolution de la ville, un témoin unique des us et coutumes de la vie urbaine, un artiste de talent impliqué dans la vie associative et éducative de Montréal. À travers Duncan, c’est un chapitre trop méconnu de l’histoire de Montréal qui se révèle », ajoute Laurier Lacroix.

« S’appuyant sur la formidable collection du Musée McCord Stewart, sur la générosité d’un grand nombre de musées nationaux et de collections privées ainsi que sur les recherches approfondies des commissaires, l’exposition Montréal en devenir – Duncan, peintre du 19e siècle offre une occasion rare pour le public de découvrir le Montréal de la période prérévolution industrielle. Ce projet s’inscrit au cœur de la mission du Musée qui œuvre à documenter et mettre en valeur l’histoire de la métropole, la diversité de ses quartiers, et le dynamisme de sa vie urbaine qui en font aujourd’hui une destination de choix, » souligne Anne Eschapasse, présidente et cheffe de la direction du Musée McCord Stewart.

CARTOGRAPHIES MENTALES : œuvre d’art numérique d’Iregular

En complément à cette exposition, le Musée a commandé une œuvre au studio d’art numérique Iregular qui a soumis à l’intelligence artificielle les images de ce voyage dans le passé de Montréal auquel nous convie James Duncan. Le studio a conçu une représentation virtuelle en trois dimensions d’un univers d’images de synthèse composées de strates topographiques et de reliefs superposés.

« Lorsque nous avons commencé à travailler sur CARTOGRAPHIES MENTALES il y a un an, l’intention était simplement de visualiser l’influence des œuvres et des choix artistiques de James Duncan sur la représentation de Montréal dans l’imaginaire des gens qui ne connaissaient pas la ville. Un an plus tard, avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA) et des systèmes d’apprentissage automatique, la valeur de CARTOGRAPHIES MENTALES réside désormais dans la manière dont ce projet nous aide à mieux assimiler le pouvoir de l’IA et le rôle que nous, humains, jouons dans un monde où de tels systèmes ont la capacité de générer des images complexes à partir de simples commandes sur un ordinateur », explique Daniel Iregui, artiste et fondateur d’Iregular.

L’œuvre expérientielle propose ainsi une vision de ce à quoi pourrait ressembler le monde à travers les yeux d’une personne dont la seule réalité serait modelée d’après les illustrations d’un artiste. Le public est invité à déambuler dans cet espace virtuel en masquant ou en dévoilant des couches inédites grâce aux mouvements de son ombre projetée. Il en résulte une expérience immersive unique, constamment renouvelée, créant des paysages imaginaires évolutifs dérivés de l’œuvre de James Duncan.

Le Musée McCord Stewart remercie le Conseil des arts du Canada de son soutien dans la réalisation de l’œuvre numérique présentée dans cette exposition.

Vues d’exposition

Équipe de réalisation

Une exposition conçue et organisée par le Musée McCord Stewart.

Gestion de projet : Catherine K. Laflamme, Musée McCord Stewart
Commissariat : Laurier Lacroix (C.M., professeur émérite, Université du Québec à Montréal) et Christian Vachon (conservateur, Art documentaire, et chef, Gestion des collections, Musée McCord Stewart)
Scénographie : Anick La Bissonnière et Eric-Olivier Lacroix
Graphisme : David Martin
Œuvre numérique : Iregular

Livre James Duncan (1806-1881) – Peintre de Montréal

James Duncan (1806-1881) – Peintre de Montréal est la première monographie consacrée à James Duncan. Plus de 160 œuvres de l’artiste révèlent les divers aspects de sa carrière et constituent une plongée unique dans le Montréal du 19e siècle. L’ouvrage inclut trois essais qui enrichissent notre compréhension de l’œuvre de Duncan : une biographie exhaustive par Laurier Lacroix (C.M., professeur émérite de l’Université du Québec à Montréal) ; une revue de trois albums renfermant des œuvres de Duncan par Arlene Gehmacher (conservatrice L.R. Wilson de l’art et des cultures du Canada au Musée royal de l’Ontario) ; et une étude des représentations de Montréal de Duncan publiées dans le magazine The Illustrated London News par Christian Vachon (chef, Gestion des collections, et conservateur, Art documentaire au Musée McCord Stewart). Une chronologie inédite complète l’ouvrage.

James Duncan (1806-1881) – Peintre de Montréal

210 pages
Édition : Musée McCord Stewart
Distribution : Publications du Québec et boutique du Musée McCord Stewart
En vente à la Boutique du Musée au coût de 55 $
ISBN : 978-1-7-7389247-1-4 (EN: 978-1-7-7389247-0-7)

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