Artiste en résidence
Du 13 septembre 2024 au 12 janvier 2025
À toutes ces femmes que l’on ne nommait pas
Michaëlle Sergile
Dans le cadre de son programme Artiste en résidence, le Musée présente l’exposition À toutes ces femmes que l’on ne nommait pas de l’artiste et commissaire indépendante Michaëlle Sergile, un hommage au vécu des femmes noires des années 1870 à 1910 à Montréal.
Pour sa première exposition solo en contexte muséal, l’artiste a réalisé sept tissages originaux sur métier Jacquard. Trois d’entre eux reconstituent des images sélectionnées dans la collection Photographie du Musée, et les quatre autres illustrent des portraits de membres du Coloured Women’s Club of Montreal (CWCM). Des photographies d’archives et des objets issus des collections du Musée et du CWCM complètent l’installation.
Mêlant archives et fiction, l’exposition témoigne des origines du premier collectif créé par des femmes noires au Québec, le CWCM. En s’inspirant du concept de fabulation critique théorisé par l’auteure américaine Saidiya Hartman, l’exposition explore la relation entre l’histoire et la violence de l’archive.
Pour cette exposition, Michaëlle Sergile explore les collections du Musée en réfléchissant au contexte social et politique de création de ce club fondateur pour les communautés noires à Montréal, ainsi qu’aux femmes qui ont, de près ou de loin, contribué à sa mise sur pied.
À propos de l’artiste
Michaëlle Sergile est une artiste et commissaire indépendante travaillant principalement à partir d’archives de la période postcoloniale, de 1950 à aujourd’hui. Son travail artistique vise à comprendre et à réécrire l’histoire des communautés noires, et plus précisément celle des femmes, par l’intermédiaire du tissage. Traditionnellement associée à l’artisanat et à la féminitude, cette technique lui permet d’interroger les rapports de domination liés au genre et à l’appartenance ethnique.
Elle a récemment exposé son travail au Musée national des beaux-arts du Québec, au Musée d’art de Joliette, à la Fonderie Darling ainsi que dans le cadre du OFF, Biennale de Dakar, au Sénégal. Son nom a également figuré sur la longue liste du prestigieux Prix Sobey pour les arts en 2022. En 2023, elle a remporté le Prix de l’artiste en arts visuels de l’année au Gala Dynastie et entamé une résidence à la Fonderie Darling.
Programme Artiste en résidence
Le programme Artiste en résidence invite l’artiste à porter un regard critique et conceptuel sur les collections du Musée en réfléchissant aux relations entre leur pratique artistique, les objets et les histoires qui se révèlent au fil de leurs recherches.
Dans le cadre de cette initiative de recherche et de création, le Musée encourage l’artiste à livrer une interprétation discursive et hypothétique des collections, et à proposer de nouvelles façons d’interpréter l’histoire sous ses multiples formes.
3 choses à savoir
Coloured Women’s Club of Montreal
Le Coloured Women’s Club of Montréal a été le sujet de plusieurs travaux de recherche de Michaëlle Sergile. Ce collectif a été fondé en 1902 par des femmes noires regroupées afin d’aider les familles migrantes à trouver un logement et à obtenir un soutien financier. Ce collectif a vu le jour à une époque où les noms de nombreuses femmes noires étaient très souvent absents des archives montréalaises.
Si le programme Artiste en résidence du Musée a permis à Michaëlle d’affiner ses connaissances sur l’histoire de l’organisation et des femmes qui en ont été les instigatrices en explorant les collections du Musée, il constitue surtout l’occasion de faire connaître au public une organisation qui a joué un rôle clé dans le développement de la communauté de la Petite-Bourgogne.
L’exposition invite aussi à réfléchir, d’une part, à cet effacement systémique et, d’autre part, au contexte dans lequel vivaient ces femmes. Comme l’explique Michaëlle Sergile : « En célébrant à la fois ces femmes sans nom et celles qui ont créé le Coloured Women’s Club, l’exposition sert d’espace de réflexion, invitant le public à participer à la reconstruction de leurs histoires. »
Analyse critique des collections
Réalisée dans le cadre du programme Artiste en résidence – qui invite les artistes à poser un regard critique et conceptuel sur les collections du Musée –, la création de cette exposition a été l’occasion pour Michaëlle Sergile d’explorer la collection Photographie du Musée, à la recherche d’images de femmes noires ayant vécu dans les années 1870 à 1910.
Les recherches ont permis de constater que, peu importe leur statut social, ces femmes restaient en grande majorité anonymes dans les rares preuves que l’on conserve de leur existence, rendant aujourd’hui leur identification difficile.
Tisser les archives
Pour Michaëlle Sergile, la création est un moyen de faire face aux limitations des archives, ainsi que d’imaginer et de reconnaître pleinement le vécu de celles dont nous ne possédons que quelques traces. Le choix du tissage comme moyen d’expression s’imposait pour exprimer les réalités des femmes noires présentées dans l’exposition, car de nombreux parallèles peuvent être dressés entre les thématiques abordées et le tissage. Souvent associée à l’artisanat, cette technique est encore peu exploitée par les artistes. Pour preuve, seulement trois métiers Jacquard assistés par ordinateur – utilisés par Michaëlle pour créer ses œuvres – sont accessibles à Montréal.
« Quand j’ai commencé à travailler le textile, j’ai remarqué qu’il y avait une déconnexion entre les arts visuels et l’artisanat, comme si ces deux notions ne pouvaient pas cohabiter. Cela allait très bien avec la façon dont je réfléchissais aux archives, parce que je m’intéressais beaucoup à tout ce qui avait été mis de côté. Je trouvais que le tissage lui-même était en marge. C’était très beau de voir des mots comme “métissage”, où il y a le mot “tissage” qui est déjà associé, tout comme “texte” et “textile”. »
Remerciements
Le Musée tient à remercier son équipe et toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de cette exposition.
Gestion de projet
Caroline Truchon, chargée de projets, Expositions
Conservation
Mathieu Lapointe, conservateur, Archives
Design graphique
David Martin
Équipe du Musée McCord Stewart
John Gouws, technicien en chef, Expositions
Mélissa Jacques, technicienne, Expositions
Olivier LeBlanc-Roy, technicien, Expositions
Patrick Migneault, technicien, Expositions
Guislaine Lemay, conservatrice, Culture matérielle
Zoë Tousignant, conservatrice, Photographie
Caterina Florio, cheffe, Restauration
Sonia Kata, restauratrice
Geneviève Déziel, coordonnatrice au catalogage, Gestion des collections
Camille Deshaies-Forget, adjointe, Gestion des collections
Josianne Venne, technicienne principale, Gestion des collections
Karine Rousseau, cheffe, Gestion des collections
Ana Prasser, archiviste
Anne-Frédérique Beaulieu-Plamondon, conseillère, Diffusion numérique, Collections et expositions
Roger Aziz, photographe
Leila Afriat, conseillère, Relations avec les communautés
Elysa Lachapelle, chargée de projets, Action éducative, citoyenne et culturelle
Philippe Bergeron, conseiller, Engagement numérique
Équipe externe
Révision et traduction
Pascale Guertin
Judith Terry
Production graphique
Graphiscan
Installation
Espace Montage inc.
Découvrez la démarche artistique de Michaëlle Sergile et la façon dont elle a travaillé la fabulation critique par le tissage. L’artiste vous parle des œuvres qu’elle a créées pour l’exposition, ainsi que des images et des objets qui y sont présentés.
Ce que l'on en dit
« À toutes ces femmes que l’on ne nommait pas, de l’artiste en résidence Michaëlle Sergile, s’annonce déjà comme l’une des conceptions phares de l’année. » Marie-Josée R. Roy, Le Devoir
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