Lire la vidéo

[Jour 2] Symposium international – Autour des wampums : Histoires et perspectives

Six spécialistes échangent sur les pratiques sociales, politiques et religieuses qui entourent les wampums lors de trois sessions thématiques.

23 février 2024

Profitant de l’intérêt sans précédent suscité par l’exposition Wampum : perles de diplomatie, le Musée organise un symposium le 22 et 23 février 2024, consacré à ces objets culturels, qui réunie une douzaine de spécialistes autochtones, québécois·e·scanadien·ne·s et de l’international.

Ces expert·e·s issu·e·s de divers champs de recherche et d’intervention, échangeront sur les pratiques sociales, politiques et religieuses qui entourent les wampums lors de six sessions thématiques, réparties sur deux jours, à travers le prisme de leurs perspectives multidisciplinaires. 

Cet enregistrement inclue les allocutions et les trois panels du 23 février 2024. Consultez le programme de la journée plus bas et naviguez dans la vidéo à l’aide des chapitres disponibles afin de visionner la session qui vous intéresse.

Jour 1
Jour 2

Programme – Jour 2

Panel 1 – Les wampums à l’ère des révolutions atlantiques | Modération par Catherine Desbarats, Université McGill, Canada « Usages créatifs des wampums et diplomatie anglo-haudenosaunee : trois exemples issus du 18e siècle », Elizabeth Elbourne, Université McGill, Canada

« Le wampum d’alliance de Washington : interprétations historiques et contemporaines d’un collier haudenosaunee », Darren Bonaparte, Saint Regis Mohawk Tribal Historical Preservation Officer, Awkwesasne, Canada

→ Voir la description des conférences

Panel 2 – Miigis Apikan (Le message est le fardeau) : Les wampums en contexte anishinaabe | Modération par Aaron Mills, Université McGill, Canada « L’esprit de mes mots : savoirs anishinaabe et wampums », Alan Corbiere, York University, Canada

« Colliers, cordons, wampums de papier et droit : l’usage de wampums lors de conseils entre les peuples anishinaabe et la Couronne », Heidi Bohaker, University of Toronto, Canada

→ Voir la description des conférences

Panel 3 – Wampums et état colonial | Modération par Yann Allard-Tremblay, Université McGill, Canada « Perspective d’un État conquérant : les archives françaises en opposition au collier de wampum au sein du nouveau régime britannique », Riley Wallace, Université McGill, Canada

« Les wampums devant les tribunaux canadiens », Jacynthe Ledoux, avocate, Cain Lamarre, Canada

→ Voir la description des conférences

Allocution  Verna McGregor, Kitigan Zibi Anishinabeg, Canada

Panel 1

Usages créatifs des wampums et diplomatie anglo-haudenosaunee : trois exemples issus du 18e siècle

Elizabeth Elbourne, Université McGill, Canada [5:19 ]

De manière générale, cette étude abordera les usages créatifs des wampums (y compris le refus de les reconnaître) dans les interactions anglo-haudenosaunee en Amérique coloniale à la fin du 18e siècle. Trois exemples liés à la lutte pour le territoire, les négociations avec la Société pour la propagation de l’évangile ainsi que le conflit de la Révolution américaine seront analysés. L’étude démontrera que les interlocuteurs colonialistes ont également tenté d’utiliser les wampums dans leurs relations avec le peuple haudenosaunee, quoique de manière limitée, et que les gestes entourant l’usage des wampums, ou encore leur déformation délibérée, formaient un langage d’échange à la fois restreint et précaire. 

Le wampum d’alliance de Washington : interprétations historiques et contemporaines d’un collier haudenosaunee

Darren Bonaparte, Saint Regis Mohawk Tribal Historical Preservation Officer, Awkwesasne, Canada [32:05 ]

En 2020, l’anthropologue William A. Starna a invité Darren Bonaparte et Randy A. John à corédiger avec lui un article sur le collier de wampum légendaire détenu par la Confédération haudenosaunee. Le wampum d’alliance de Washington est l’un des objets qui ont été rapatriés du Musée d’État de New York. L’un des objectifs de la recherche était de déterminer le moment auquel le collier a été offert à la Confédération par le premier président des États-Unis. L’exposé permettra ainsi d’aborder les interprétations historiques et contemporaines de ce wampum de même que les conclusions dégagées par l’équipe de recherche. 

Panel 2

L’esprit de mes mots : savoirs anishinaabe et wampums

Alan Corbiere, York University, Canada [1:21:10 ]

En s’appuyant sur des procès-verbaux de réunions de conseil rédigés en anglais, des pétitions rédigées en anishinaabemowin, des objets de collections muséales et des études ethnographiques, cette séance explorera la relation entre le langage métaphorique diplomatique ainsi que le symbolisme visuel et la matérialité des cordons et colliers de wampum. Bien que les wampums aient été utilisés sur un vaste territoire et par de nombreuses nations, l’exposé adoptera une perspective anishinaabe pour témoigner de leur contexte d’utilisation à des fins diplomatiques. Cet exposé s’inscrit dans un projet de recherche qui s’intéresse à la création de sens et à l’élaboration des connaissances communes parmi les membres des nations des Grands Lacs et des environs.

Colliers, cordons, wampums de papier et droit : l’usage de wampums lors de conseils entre les peuples anishinaabe et la Couronne

Heidi Bohaker, University of Toronto, Canada [ 1:47:57]

Entre la guerre de Sept Ans et 1815, soit la fin de la guerre de 1812, des chefs du conseil des feux anishinaabe rencontrent régulièrement des représentants de la Couronne britannique lors de conseils officiels. Ils y échangent une grande quantité de colliers et de cordons de wampum pour régler des différends et renouveler leurs alliances. Ces dons sont répertoriés dans les procès-verbaux découlant de certains accords d’acquisition de terres conclus entre les peuples anishinaabe et la Couronne avant la Confédération, et figurent dans des pétitions plus récentes nommées « wampums de papier ». L’exposé se penchera sur des exemples de différents usages des wampums lors de la tenue de conseils entre les peuples anishinaabe et la Couronne, et sur la signification de ces objets. L’intention formelle des donateurs des wampums, de même que les attentes à l’égard des donataires et leurs obligations, seront étudiées pour mieux comprendre l’usage spécifique des wampums lors de négociations de traités avec la Couronne.

Panel 3

Perspective d’un État conquérant : les archives françaises en opposition au collier de wampum au sein du nouveau régime britannique

Riley Wallace, Université McGill, Canada [ 2:29:19]

Au lendemain de la Conquête de la Nouvelle-France dans les années 1780, les autorités britanniques sont confrontées aux revendications territoriales des peuples autochtones et canadiens qui, dans le cas des Sulpiciens et de la population de Kanehsatà:ke, reposent sur différents types de documents. Comme l’a démontré Jonathan Lainey, le gouvernement colonial a reconnu l’usage des documents d’archives par les missionnaires sulpiciens pour attribuer la propriété de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes, et ce, au détriment de celui d’un collier de wampum de Kanehsatà:ke. Le cas du wampum aux deux chiens révèle le peu de crédibilité juridique qu’accordait le gouvernement britannique aux wampums après la Conquête, une décision qui a pendant longtemps fait jurisprudence dans les tribunaux canadiens. En s’appuyant en partie sur la création et l’usage de ce que l’on pourrait qualifier d’« anciennes archives françaises », cet exposé s’inspire du cas du wampum aux deux chiens pour expliquer la préséance qu’avaient les archives sur les wampums au sein du nouvel État colonial britannique.

Les wampums devant les tribunaux canadiens 

Jacynthe Ledoux, avocate, Cain Lamarre, Canada [ 2:52:37]

Les wampums sont invoqués par plusieurs peuples autochtones comme porteurs de principes juridiques d’ordre constitutionnel. Depuis le début des années 1980, différents wampums sont présentés par des parties autochtones en appui à des allégations de droit ou de fait dans plus d’une trentaine de causes décidées par les tribunaux canadiens. L’analyse de ces décisions permet de brosser un portrait de la qualité des interactions entre les ordres juridiques autochtones et étatique afin de nourrir une réflexion plus fondamentale sur les limites de la politique de reconnaissance dans le contexte du multijuridisme canadien. 

Aîné·e·s

Verna McGregor

Allocution par Verna McGregor, Kitigan Zibi Anishinabeg, Canada [ 3:38:32]

Verna McGregor est Algonquine Omamawinini (peuple algonquin du Nord-Est, qui comprend le bassin versant de la rivière des Outaouais). Elle habite le territoire de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinaabe avec son fils et son petit-fils. Elle a collaboré avec des Aînées et Aînés pendant des années pour organiser des rassemblements traditionnels, comme des symposiums sur les langues. Elle est une membre de la famille de l’ancien gardien des colliers de wampum originaux de la communauté, l’Aîné William Commanda. Sa mère a côtoyé l’ancienne gardienne des colliers de wampum ayant précédé William Commanda, l’Aînée Theresa Meness. Au cours de sa vie, cette dernière a fermement revendiqué le wampum du Traité de Londres (Jay Treaty) en assistant aux célébrations annuelles de la traversée de la frontière.

Durant les dernières années, Mme McGregor, son fils Sheldon McGregor et son frère Fred McGregor ont collaboré aux travaux de recherche de la professeure Margaret Bruchac et de la doctorante Lise Puyo de l’Université de Pennsylvanie sur le wampum du lac des Deux Montagnes, qui se trouve actuellement au Musée du Vatican. En 2016, dans le cadre d’un protocole, des Aînées et Aînés de la communauté ont demandé à Mme McGregor et à son fils d’organiser une cérémonie pour divers objets sacrés ayant été rapatriés par d’autres Premières Nations sur les territoires ancestraux afin qu’ils soient exposés au Musée des beaux-arts du Canada. Les objets sacrés ont été présentés dans le cadre d’une exposition d’art autochtone réalisée pour le 150e anniversaire de la confédération du Canada (1867-2017).

modératrices et modérateurs

Catherine Desbarats

Professeure agrégée, directrice du Département d’histoire de l’Université McGill. Spécialiste de la Nouvelle-France, elle enseigne depuis longtemps le cours Les Autochtones et l’empire français de l’époque moderne. Alors qu’elle était directrice du programme d’études sur le Québec de McGill, elle enseignait un cours interdisciplinaire sur l’expérience autochtone au Québec qui a inspiré le colloque, et par la suite le volume : Les Autochtones et le Québec. Des premiers contacts au Plan Nord, dirigé par Alain Beaulieu, Stéphan Gervais et Martin Papillon, et publié à Montréal, aux Presses de l’Université de Montréal, 2013. 

Aaron Mills

Aaron Mills (J.D., Université de Toronto; LL.M., Université Yale; Ph. D., Université de Victoria) est Anishinaabe de la Première Nation de Couchiching du Traité no3. Durant la plupart des 15dernières années, il s’est familiarisé avec la loi anishinaabe auprès de la communauté, sur le territoire et par le biais de récits. Éclairé par les enseignements d’un cercle d’Aînées et d’Aînés, M.Mills s’emploie à théoriser la loi autochtone en ses propres termes. Il est régulièrement invité à collaborer avec des communautés autochtones pour appuyer les efforts de revitalisation de leurs systèmes de loi. M.Mills est professeur adjoint à la Faculté de droit de l’Université McGill depuis 2018 et est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en constitutionnalisme et philosophie autochtones. 

Yann Allard-Tremblay

Yann Allard-Tremblay est professeur adjoint au département de Sciences politiques de l’Université McGill. Il est membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société Royale du Canada. Il est titulaire d’un doctorat en philosophie des universités de St Andrews et de Stirling. Ses recherches actuelles en théorie politique se concentrent sur la décolonisation et l’autochtonisation de la théorie politique. Ses recherches ont récemment été publiées dans la Revue canadienne de science politique, Constellations et Political Studies. Il est membre de la nation huronne-wendat.

panélistes

Elizabeth Elbourne

Elizabeth Elbourne est professeure agrégée au Département d’histoire et des études classiques de l’Université McGill. On compte parmi ses récentes publications l’ouvrage Empire, Kinship and Violence: Family Histories, Indigenous Rights and the Making of Settler Colonialism, 1770-1842 (Cambridge University Press, 2022). Elle a également rédigé l’ouvrage Blood Ground: Colonialism, Missions and the Contest for Christianity in Britain and the Eastern Cape, 1799-1852 (McGill-Queens, 2003) et codirige actuellement, avec Shino Konishi, la publication de l’un des cinq volumes du livre Cambridge History of Colonialism and Decolonization (Cambridge University Press, à paraître), qui couvre la période de 1750 à 1914.

De 2010 à 2015, elle a été corédactrice en chef du Journal of British Studies aux côtés de Brian Cowan. Elle s’intéresse actuellement à l’histoire de la chasse et à la relation de l’Empire britannique avec les chasseurs, y compris les débats entourant les droits territoriaux des chasseurs autochtones, la chasse aux gros animaux et les conflits entre agriculteurs et chasseurs. 

Darren Bonaparte

Darren Bonaparte est un auteur et chercheur ayant collaboré avec les instances de gouvernance, les centres culturels et les médias communautaires d’Akwesasne. Il est le créateur du « Wampum Chronicles », un site Web consacré à l’histoire mohawk. Il a été élu au Conseil mohawk d’Akwesasne en 2000 et est actuellement directeur du Bureau tribal de préservation historique de la tribu mohawk de Saint Regis.

Il a corédigé, avec Rosemary Bonaparte, l’ouvrage The History of the St. Regis Catholic Church (1998) et rédigé Creation & Confederation: The Living History of the Iroquois (2005), A Lily Among Thorns: The Mohawk Repatriation of Káteri Tekahkwí:tha (2009) et An Early History of Akwesasne: The Works of Franklin B. Hough (2020). En 2018, il a écrit le libretto pour les visions et voix autochtones, composé par Barbara Croall (Odawa) et interprété par l’Orchestre de chambre McGill. Il a agi à titre de consultant historique et culturel pour les productions The War That Made America (2006), FBI: Most Wanted (2020) et Le chardon et le tartan (2018-2019).

Alan Corbiere

Alan Ojiig Corbiere, Bne doodem (clan de la gélinotte huppée), est Anishinaabe de la Première Nation M’Chigeeng de l’île Manitoulin. Après avoir effectué des études sur la réserve, il a obtenu un baccalauréat en sciences à l’Université de Toronto puis une maîtrise en études environnementales à l’Université York, au cours de laquelle il s’est intéressé aux récits anishinaabe et à la revitalisation de la langue. Il a occupé pendant cinq ans le poste de directeur général de la Fondation de la culture ojibwe à M’Chigeeng, en exerçant entre autres les rôles de conservateur et d’historien.

Il a également été coordonnateur du programme de revitalisation de l’anishinaabemowin à l’École Lakeview, sur le territoire de la Première Nation M’Chigeeng, ce qui l’a amené à élaborer avec des collègues un programme de langue seconde ancré dans la culture, dont les enseignements s’appuient sur des récits anishinaabe. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat en 2020, il est devenu professeur adjoint au Département d’histoire de l’Université York, et est présentement titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 2 sur l’histoire des Autochtones d’Amérique du Nord.

Heidi Bohaker

Heidi Bohaker s’intéresse à l’histoire des relations entre les peuples autochtones et la Couronne, des traités ainsi que des politiques gouvernementales fédérales et provinciales touchant les peuples autochtones du Canada. Elle offre des cours au premier cycle et aux cycles supérieurs sur l’histoire des traités, des pensionnats et du droit canadiens.

En tant que codirectrice du GRASAC (Alliance de recherche des Grands Lacs pour l’étude des arts et des cultures autochtones), elle étudie également les objets du patrimoine culturel des Grands Lacs conservés dans des musées et centres d’archives partout dans le monde, et s’emploie à trouver des moyens de rétablir les liens entre ceux-ci et les peuples des Premières Nations des Grands Lacs.

Riley Wallace

Riley Wallace est candidat au doctorat au Département d’histoire et des études classiques de l’Université McGill. Son intérêt pour la mise en place de l’État impérial et les changements de régime l’a amené à se pencher sur le rôle des archives françaises en tant qu’éléments de légitimité politique au Québec au lendemain de la Conquête. Son projet de thèse, intitulé « Archives, Governance, and the Politics of Information in post-Conquest Quebec, 1759-1791 », lui a valu l’obtention de bourses doctorales du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du Fonds de recherche du Québec – Société et culture.

Jacynthe Ledoux

Jacynthe Ledoux est membre du Barreau du Québec et du Barreau de l’Ontario. Avocate spécialisée en droit autochtone, Mme Ledoux a une pratique diversifiée qui comprend la représentation de Premières Nations en matière de droit de l’environnement, de revendications particulières, de droit de l’énergie, de ressources naturelles, de droit constitutionnel, de protection de la jeunesse et de droit de la personne.

Détentrice d’une maîtrise en common law canadienne de Osgoode Hall Law School, Mme Ledoux a également obtenu une maîtrise en droit de l’environnement de l’Université McGill ainsi qu’un baccalauréat en droit et un baccalauréat en études internationales, tous deux de l’Université de Montréal. Son mémoire qui explore les interactions entre les ordres juridiques étatiques et autochtones à travers le prisme de la jurisprudence relative aux wampums a obtenu le prix du meilleur mémoire en droit du Québec.