Un atelier qui redonne voix aux communautés oubliées
Prendre soin de nos histoires à Montréal/Tiohtiá:ke raconte l’histoire marginalisée des communautés chinoises, afrodescendantes et autochtones de Montréal.
29 novembre 2022
L’histoire des communautés chinoises, afrodescendantes et autochtones de Montréal, pourtant présentes sur le territoire depuis longtemps, est rarement racontée. Pour contribuer à changer la situation, le Musée McCord Stewart s’est associé à l’organisme Je suis Montréal dont l’objectif est de mettre en lumière ceux et celles qui ont été historiquement exclus et qui sont souvent oubliés en présentant des projets artistiques, et en organisant des discussions et des panels sur des thèmes tels que l’inclusion sociale, l’engagement, l’identité et l’appartenance. Ensemble, ils ont créé l’atelier citoyen Prendre soin de nos histoires à Montréal/Tiohtiá:ke qu’ils coaniment dans les divers quartiers de Montréal.
Reconnaissant la nécessité de sortir de l’oubli ces communautés qui ont contribué au développement de notre ville, l’équipe de l’Action éducative, citoyenne et culturelle du Musée et celle de Je suis Montréal sont allées à la rencontre d’immigrants et de nouveaux arrivants afin de leur donner la chance de se réapproprier ces histoires et de s’exprimer par rapport à celles-ci.
De septembre à novembre 2022, l’équipe de l’Action et le personnel de Je suis Montréal ont rencontré 18 groupes dans divers arrondissements de Montréal, dont Saint-Laurent, Ahuntsic-Cartierville, Montréal-Nord, Pierrefonds et Parc-Extension, entre autres. En tandem, Je suis Montréal et le Musée McCord Stewart ont fait découvrir aux gens des images de la collection du Musée qui racontent des parties de l’histoire des communautés afrodescendantes, autochtones et chinoises à Montréal.
Le 11 novembre, c’est au CARI Saint-Laurent que se déroule l’atelier. Vingt-cinq femmes immigrantes ou nouvelles arrivantes ont répondu à l’invitation. L’atelier commence par un court sondage : « Diriez-vous que vous connaissez pas du tout, un peu, assez ou beaucoup l’histoire des communautés afrodescendantes à Montréal? » Puis, la même question est posée, mais pour les communautés autochtones et chinoises.
Rapidement, les personnes dans la salle se rendent compte que l’histoire de ces communautés est méconnue, surtout lorsqu’on la compare à l’histoire coloniale de Montréal. Pourtant, elle est tout aussi importante. Piquées par la curiosité, les participantes sont interpellées et veulent déjà en apprendre plus.
Les animatrices présentent alors trois reproductions agrandies de photographies datant du 19e et du 20e siècle. Il y a une photo du Vieux-Port de Montréal, une du mont Royal et une du quartier chinois. Ce que ces images ont en commun, c’est qu’elles montrent respectivement un lieu donné qui tient un rôle important dans l’histoire de chacune de ces communautés.
Ensuite, dans un élan de partage, toutes les personnes sont invitées à raconter la relation qu’elles entretiennent avec ce lieu. C’est là que, une fois de plus, l’énergie se transforme. La pièce se charge d’émotions, chacune des participantes racontant une expérience vécue sur ces sites historiques. Le lien d’appartenance à Montréal se renforce. Ces femmes issues des quatre coins du monde peuvent toutes s’identifier à ces lieux qui ont marqué l’histoire de Montréal.
Puis, vient le temps de mettre la main à la pâte. Les photos grand format deviennent les pièces maîtresses d’un jeu créatif. Travaillant en sous-groupes, les participantes doivent maintenant réécrire l’histoire en images.
À l’aide d’une banque d’images tirées des collections du Musée imprimées sur du papier aimanté, d’un jeu de cartes racontant des faits historiques méconnus et de crayons de toutes les couleurs, les participantes sont amenées à revisiter les vues urbaines du Montréal des 19e et 20e siècles en y intégrant des histoires marginalisées à l’aide de ces images.
Une fois les collages terminés, les participantes partagent leurs découvertes, faisant ainsi rayonner les héros et les histoires oubliés des communautés afrodescendantes, chinoises et autochtones.
Prendre soin de nos histoires à Montréal/Tiohtiá:ke est un atelier qui permet à des personnes autochtones, noires et de couleur, de même qu’à des personnes blanches, de réinterpréter les collections du Musée et de découvrir ou de redécouvrir les histoires marginalisées qu’elles racontent. À la fin de l’activité, les animatrices ont refait le même sondage qu’au début, et les résultats ont été probants. Les participantes ont toutes acquis de nouvelles connaissances sur ces histoires. L’enthousiasme et la fierté étaient palpables dans la salle.
Le projet Prendre soin de nos histoires Montréal/Tiohtiá:ke est réalisé dans le cadre de l’entente entre le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et la Ville de Montréal (MIFI-Ville 2021-2024).