Construire des ponts
Le travail de médiateur culturel, ou comment faire de la visite muséale une rencontre humaine et constructive.
8 octobre 2020
Marchant lentement dans le Musée, silencieux, d’une vitrine à l’autre, nous nous arrêtons devant un objet qui capte notre attention. Quelle est l’histoire derrière ce vêtement? Qui a façonné cet outil? Si notre curiosité va plus loin que les informations qui nous sont données, nous sommes laissés à nous-mêmes.
Le rôle du médiateur culturel, c’est de faire le pont entre l’objet et le visiteur. Voilà comment Marianne résume simplement son travail. Grâce au médiateur, l’expérience muséale devient humaine et la découverte s’accompagne d’un échange.
On ne peut vraiment pas tout mettre sur les vignettes informatives. Nous sommes là pour raconter les objets, explique-t-elle.
Artiste peintre, étudiants en histoire, en histoire de l’art et en design de mode, les profils des médiateurs sont divers, mais ce qui me frappe, c’est qu’ils sont tous, malgré tout, mus par une même passion. Un même respect pour le public à qui ils font découvrir les expositions du Musée. C’est sûr qu’il faut aimer l’échange et savoir écouter, résume Flavie. Un respect pour l’autre, mais aussi une grande curiosité les anime. On est toujours en train d’apprendre. Je pense que c’est un des aspects que j’aime le plus à propos de mon travail, me confie Louis.
Caroline me dit que ce sont les enfants qui la touchent particulièrement.
J’ai déjà eu des jeunes qui ne voulaient plus s’en aller après une semaine d’activité au Musée. Ça, pour moi, c’est merveilleux. Ils vont grandir avec une vision positive des musées.
La médiation, c’est ainsi la brillante synthèse de la vulgarisation et de la rencontre humaine. Il faut toujours s’adapter aux visiteurs et sculpter le contenu pour eux, me dit Joanna en souriant.
Le travail des médiateurs ne se résume pas non plus à accompagner les visiteurs et à échanger avec eux, car plusieurs d’entre eux collaborent aussi à la création de contenus et d’expériences éducatives.
Marianne, elle, travaille à la mise en place d’un projet de médiation hors des murs du Musée, « Partageons notre mémoire, nos histoires ». Cette expérience de partage intergénérationnel vise à réunir des jeunes et des aînés par l’entremise d’objets du Musée.
Un objet du quotidien du passé sert d’élément déclencheur à l’aîné pour partager avec les jeunes des récits de sa jeunesse, anecdotes d’un autre temps.
Avec la pandémie, les visites de groupes ont dû être suspendues, me confie Flavie. Ces dernières ont été depuis ajustées en fonction des nouvelles mesures sanitaires et reprendront graduellement lorsque le Musée ouvrira à nouveau.
La jeune femme travaille aussi avec Louis et une autre collègue à la conception de visites virtuelles du Musée. Ce sera virtuel, mais ça va rester humain, parce que ce sera un échange en direct. Le Musée devient soudain accessible à des écoles situées loin de Montréal. Et les médiateurs peuvent bâtir des ponts bien au-delà des murs du Musée.