La créativité au service de l’écoconception
Découvrez comment les équipes du Musée utilisent différentes stratégies d’écoconception afin de réduire l’impact environnemental de ses expositions.
11 janvier 2024
Conscient des enjeux environnementaux et convaincu que les institutions muséales peuvent jouer un rôle dans la transition écologique, le Musée McCord Stewart s’est donné l’objectif de réduire au maximum les déchets générés par les productions éphémères que sont les expositions. Pour ce faire, les équipes du Musée qui travaillent à leur réalisation utilisent différentes stratégies d’écoconception afin de réduire l’impact environnemental de ces expositions, telles que le réemploi et la transformation du mobilier existant.
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Penser modulable et réutilisable
Une des fonctions principales du Musée est de conserver le patrimoine pour les générations futures. Les collections sont rangées avec soin dans les réserves muséales, maintenues dans des conditions idéales et contrôlées afin d’éviter leur détérioration et de prolonger, autant que faire se peut, leur durée de vie. Même si l’accès aux réserves est interdit au grand public, leur existence est bien connue.
Ce que la clientèle du Musée McCord Stewart ignore peut-être, c’est que l’institution possède également tout un stock de vitrines, de murs, de bancs, d’accessoires, de cadres et d’appareils audiovisuels qui sont entreposés afin de pouvoir être réutilisés. En effet, une des principales stratégies d’écoconception adoptées par le Musée est le réemploi.
Le réemploi du mobilier dans la réalisation des expositions ne date pas d’hier au Musée. Un certain nombre de murs, de vitrines et de cadres sont entreposés au Musée depuis plus de 30 ans! En effet, à la suite de l’agrandissement du Musée en 1992, la plupart des pièces de mobilier fabriquées pour la réouverture ont été pensées afin d’être modulables, réutilisables et de pouvoir être adaptées en fonction des différents projets à venir. C’est le cas notamment d’une grande partie des cadres qui ont été utilisés pour l’exposition Montréal en devenir – Duncan, peintre du 19e siècle, ainsi que des vitrines qui accueillent Le Village enchanté du magasin Ogilvy pendant la période des Fêtes.
Réussir à conserver et à réemployer du mobilier sur une si longue période exige le travail minutieux d’une équipe technique dévouée qui prend le temps de nettoyer, d’entretenir, de réparer, de solidifier, de peindre et d’installer les différents éléments de décor et de mobilier.
Les banquettes orange sont un bel exemple de réemploi du mobilier. Fabriquées sur mesure pour l’exposition Mode Expo 67 en 2017, elles ont fait une seconde apparition dans l’exposition Paris en vitrine en 2018 et une troisième dans l’exposition Celia Perrin Sidarous : L’archiviste en 2019. Puis, six ans après leur achat, on pourrait croire qu’elles ont été conçues spécialement pour l’exposition Hochelaga – Montréal en mutation présentée en 2023.
Transformer l’existant
Une autre stratégie d’écoconception utilisée par le Musée est la transformation du mobilier existant. L’équipe technique est passée maître dans l’art de modifier, de convertir et d’adapter nos éléments de décor en fonction des besoins des nouveaux projets. Comme une image vaut mille mots, voici quelques exemples de ces métamorphoses.
Prison ou carrosse?
Si vous pensiez que la fée marraine avait transformé une citrouille en carrosse pour Cendrillon, détrompez-vous! C’est grâce à la magie de l’équipe technique du Musée que la prison du panda de l’exposition Le cirque de Monsieur Lapin en 2015 est devenue un carrosse pour l’exposition Tohu-bohu au pays des contes en 2017.
Livres ou bonbons?
L’exposition Les aventures d’Alfred présentée en 2016 nous transportait dans un conte imaginé par l’autrice et musicienne Suzanne De Serres. Pour marquer l’entrée dans cet univers livresque, les visiteuses et les visiteurs étaient invités à pénétrer dans la salle en passant sous une arche de livres.
L’année suivante, pour l’exposition Tohu-bohu au pays des contes, l’arche de livres s’est métamorphosée en une arche de bonbons, inscrivant dans l’espace l’entrée de la maison en pain d’épice de la sorcière du célèbre conte Hansel et Gretel. Les livres, quant à eux, sont venus garnir les bibliothèques de l’espace lecture de la même exposition.
La polyvalence du verre
En 2013, le Musée a fait l’acquisition de vitrines en verre de seconde main pour présenter les costumes de l’exposition De Philadelphie à Monaco : Grace Kelly. Depuis, ces vitrines ont été utilisées dans plus de neuf expositions de mode! Elles ont la particularité de pouvoir être démontées, de sorte que les panneaux en verre peuvent être réutilisés indépendamment des cadres en acier qui forment le plancher et le plafond de la vitrine.
L’équipe technique a vite saisi le potentiel de ces verres et a imaginé différentes façons de les employer pour d’autres scénographies d’exposition. Pour INCIPIT – COVID-19, présentée en 2022, les panneaux ont permis de créer un corridor de verre dans lequel il fallait entrer pour regarder une vidéo. Dans l’exposition Hochelaga – Montréal en mutation, ils ont été placés de manière à constituer un mur servant également de surface de projection.
Des parcours réinventés en mode écoconception
Grâce aux collections qu’ils possèdent et aux expositions qu’ils présentent, les musées ont le pouvoir de transporter les visiteuses et les visiteurs vers d’autres lieux, de les faire voyager à d’autres époques. Les scénographies déployées dans les salles contribuent en grande partie à plonger le public dans de nouveaux univers en créant sans cesse des décors et des parcours réinventés.
Ce voyage a toutefois un coût environnemental. Il importe donc plus que jamais de changer notre regard : plutôt que de voir des déchets dans les matières résiduelles, l’équipe des expositions du Musée choisit plutôt d’y voir des ressources. Une façon, pour le Musée, d’atteindre un des objectifs de son plan de développement durable, soit d’optimiser l’utilisation des ressources en privilégiant la réduction à la source et la réutilisation.
L’écoconception demande à tous, équipe du Musée et partenaires externes, de remettre en question les pratiques, de changer les habitudes, de revoir les modèles. La créativité ne doit pas seulement s’exprimer dans les scénographies, elle doit aussi être mise à profit dans la quête de nouvelles solutions d’écoconception de nos expositions.