Les archives personnelles du Grand Antonio : une acquisition « de taille »!
Le légendaire Grand Antonio, cet impressionnant homme fort ayant marqué l’histoire montréalaise, fait son entrée dans les archives du McCord.
13 juillet 2017
Grâce au don généreux de l’auteure et illustratrice Élise Gravel, la collection du Musée McCord s’est récemment enrichie de nombreux documents textuels et iconographiques ayant appartenu à Anton Barichievich, mieux connu sous le nom du Grand Antonio.
Né en 1925 et d’origine européenne, ce Samson des temps modernes arrive au Canada à l’âge de 20 ans. Conscient de ses capacités peu communes, il prend part à différentes épreuves entre hommes forts et figure, dès 1952, dans Le livre Guinness des records pour avoir tiré sur une voie ferrée un train de 433 tonnes sur une distance de 19,8 m. En 1956, il traîne une voiture Chevrolet attachée à ses cheveux et en 1960, il performe en tirant quatre autobus remplis de passagers sur la rue Sainte-Catherine à Montréal. Il connaît la gloire dans les années 1960 et 1970, période durant laquelle il mène en parallèle une carrière de lutteur professionnel. Il voyage à travers le monde et particulièrement au Japon, où il attire les foules en se battant contre trois, quatre ou cinq hommes à la fois.
Mesurant 1,93 m, pesant 225 kg et chaussant des souliers de pointure 28, le Grand Antonio impressionne en outre par son apparence atypique : vêtements amples, barbe hirsute et cheveux longs négligés. Avec son allure de « gentil géant », il fait plusieurs apparitions dans différentes émissions populaires comme le Tonight Show de Johnny Carson et obtient quelques rôles au cinéma, notamment dans le succès international La guerre du feu (1981), un film franco-canadien réalisé par Jean-Jacques Annaud.
Dans les années 1990, « l’homme le plus fort du monde », comme il plaît encore à se proclamer, sombre peu à peu dans l’oubli. Le Grand Antonio fréquente le quartier Rosemont et les stations de métro du centre-ville où il vend pour quelques dollars des photographies autographiées et des photomontages de ses anciens exploits. Il décède d’un arrêt cardiaque en 2003, à l’âge de 77 ans. Comme on ne lui connaît aucune famille, c’est un don anonyme à l’organisme Jeunesse au Soleil qui permet de couvrir le coût de son enterrement. Le jour de ses funérailles, environ 3 000 personnes viennent lui rendre un dernier hommage.
Du triomphe à l’indigence, le Grand Antonio a connu un parcours qui frappe l’imaginaire collectif. S’ajoutant au cumul des nombreux hommes forts qu’a connus le Québec depuis l’époque de Louis Cyr, il se distingue néanmoins par sa forte personnalité et son caractère marginal. Les archives de ce personnage haut en couleur nous permettent de retracer sa carrière et ses exploits. On y trouve de la correspondance, des contrats d’embauche, des cartes professionnelles, ainsi que des programmes et des affiches de spectacles de lutte sur lesquels figurent les noms des différents lutteurs ayant partagé le ring avec lui, de Pat O’Connor à Maurice « Mad Dog » Vachon, en passant par Buddy Rogers et Édouard Carpentier.
Plus de 500 photographies et de nombreuses coupures de presse, extrêmement riches en renseignements, montrent aussi que le Grand Antonio était « un expert » des relations publiques. Pendant quatre décennies, il a usé de sa notoriété et infiltré le jet-set national et international; on peut le voir en compagnie des plus grandes vedettes de l’heure, telles que Maurice Richard, Michael Jackson, Clint Eastwood, Sophia Loren, Luciano Pavarotti, Liza Minnelli, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo et Tom Jones.
Par le biais de cette nouvelle acquisition, le Musée McCord veille à préserver et à célébrer la mémoire de cette grande légende montréalaise. Le fonds d’archives du Grand Antonio sera prochainement mis à la disposition des chercheurs de tous les horizons par l’entremise de notre Centre d’archives et de documentation.