Le transport de costumes : une mission… emballante!
Apprenez-en plus sur les défis liés aux techniques d’emballage et de transport d’objets dans le cadre d’un prêt pour une exposition.
30 octobre 2023
Les prêts entre institutions présentent souvent des défis pour les techniciennes et techniciens en muséologie. C’est toujours un plaisir de travailler sur ces dossiers puisqu’ils nous permettent d’appliquer nos connaissances techniques tout en nous amenant à collaborer avec d’autres services du Musée.
Pour l’exposition Parall(elles) : une autre histoire du design, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a emprunté plusieurs biens culturels issus des collections du Musée McCord Stewart. Parmi ceux-ci, on retrouve une robe de soirée en velours jaune conçue par la créatrice de mode Ida Desmarais, et une robe de mariage brodée sous la supervision de la Société d’art décoratif de Montréal. Puisque le MBAM est situé à proximité du Musée McCord Stewart, les costumes ont été transportés dans un emballage léger. J’ai reçu le mandat d’emballer ces deux vêtements ainsi que les accessoires requis pour le mannequinage.
Afin de bien comprendre les termes techniques utilisés dans le cadre de cet article, voici un glossaire auquel vous référer pendant votre lecture :
- Cerex : textile transparent fait de non-tissé de nylon
- Coroplast : matériau rigide de polypropylène ondulé en feuille principalement utilisé pour la fabrication de contenants
- Emballage léger : emballage ne nécessitant pas l’utilisation d’une caisse de transport rigide (par exemple en bois)
- Éthafoam : mousse rigide de polyéthylène
- Galon croisé : ruban de coton sergé
- Microfoam : mousse souple de polypropylène
- Tyvek : textile opaque et glissant fait de non-tissé de polypropylène
COLLABORATION ENTRE LES SERVICES
L’apport des collègues du service de la Restauration aux dossiers de prêt est précieux. Dans ce cas-ci, la personne affectée à la restauration des objets textiles, Sonia Kata, m’a conseillé de ne pas superposer les deux robes dans une même boîte puisqu’elles ne pouvaient pas supporter le poids d’un autre vêtement. Le velours de la robe de soirée risquait de s’aplatir, tandis que la robe brodée était globalement beaucoup trop fragile.
Par la suite, j’ai reçu les recommandations de Caroline Bourgeois, une collègue qui travaille aussi au service de la Restauration. Elle est responsable de la fabrication et de l’installation des costumes sur des mannequins muséologiques. Pour simplifier son travail de mannequinage une fois au MBAM, les emballages doivent être faciles et rapides à ouvrir. De plus, comme les mannequins fabriqués par Caroline doivent aussi être transportés, elle m’a transmis une liste de tout ce qui devait être emballé.
FABRICATION
Une fois toutes les contraintes liées aux objets en tête, j’ai pu mettre à l’œuvre mes méninges techniques! J’ai d’abord fabriqué deux boîtes en Coroplast pour le transport des costumes. J’ai calqué les dimensions des boîtes sur celles des tiroirs de la réserve de costumes où sont conservées les deux robes afin que les enveloppes confectionnées puissent être réutilisées pour déplacer, et même pour mettre en réserve les costumes très fragiles.
Les enveloppes sont composées d’un panneau central rigide de Coroplast, sur lequel une matelassure de Microfoam est collée. Ce panneau est ensuite inséré dans un assemblage en croix formé de deux morceaux de Tyvek. Ces derniers sont plus longs que le panneau rigide, ce qui permet de les rabattre afin de fermer l’enveloppe avec du galon croisé. J’ai aussi ajouté des poignées en sangle de coton pour faciliter les manipulations.
Les bras du mannequin de la robe brodée sont demeurés dans les manches pendant le déplacement. Tout comme le reste des mannequins fabriqués pour ce prêt, les bras sont faits de matériaux légers et neutres. Il s’agit donc d’une solution optimale pour préserver la forme de la manche pendant le transport. Les épaules et les plis de la jupe de la robe jaune ont été matelassés une fois dans leur enveloppe pour éviter que le tissu ne se fripe lors du trajet, ainsi que pour supporter les coutures fragiles du costume.
Après avoir installé les robes dans leur enveloppe, je voulais leur procurer une stabilité supplémentaire. C’est pourquoi j’ai ajouté un morceau de Cerex sur chacune d’elles, que j’ai ensuite épinglé au Tyvek de l’enveloppe.
Puisqu’il y avait assez d’espace disponible dans l’une des grandes boîtes en Coroplast, j’ai entreposé les matériaux de mannequinage souples sous la robe jaune. Afin d’amortir les chocs liés au transport, j’ai préalablement collé un cadre en Éthafoam au fond de la boîte. J’ai donc utilisé l’espace vide au centre de ce cadre pour installer les matériaux supplémentaires.
EMBALLAGE DES MANNEQUINS
Pour l’emballage des mannequins, j’ai pu recycler des boîtes de carton dont le Musée disposait déjà. Afin de transporter les bustes, j’ai confectionné une boîte assez haute en combinant deux contenants existants et en modifiant leur ouverture. L’une des deux bases, accompagnée de son poteau a été emballée dans une housse matelassée préparée par Caroline et incluse dans la boîte, tandis que l’autre a été emballé séparément.
LE GRAND DÉPART
Finalement, après avoir terminé les contenants de transport, j’ai installé les enveloppes des robes dans les boîtes et scellé le tout avec un polyéthylène. Chaque bien culturel doit voyager dans un emballage scellé. Cette isolation permet de protéger les boîtes des intempéries, des écarts de température et des ravageurs tels que les insectes.
C’est lors de cette dernière phase que je prends des photos de chaque étape de l’emballage et du déballage, dans le but de les insérer dans un guide pour l’institution emprunteuse. Une fois ce document terminé et les boîtes bien scellées, il est temps d’envoyer le tout par transport muséologique vers le MBAM!