Un amusant projet de restauration
La restauration comporte aussi un côté ludique… surtout lorsqu’il s’agit de jouets!
22 avril 2020
Ce charmant jouet pourrait nous sembler insolite aujourd’hui, mais au 19e siècle, époque où il fut fabriqué, les charrettes tirées par des chèvres étaient un moyen de transport courant pour les enfants. Une photographie historique provenant de la collection du McCord montre des enfants assis dans une charrette semblable.
Nos pauvres petites chèvres jouets étaient plutôt sales, ce qui n’avait rien d’étonnant après avoir travaillé fort à transporter leurs jeunes passagers à travers la ville. Le jouet a donc eu droit à un traitement de restauration afin de pouvoir être exposé dans l’exposition Jouets – Mission Cosmos.
Les chèvres avaient besoin d’un bon bain, mais comment faire pour laver une paire de chèvres jouets?
Les chèvres sont en papier mâché recouvert de fourrure, que le contact avec l’eau risquait d’endommager. Par conséquent, au lieu de l’eau et du savon, nous avons nettoyé la fourrure avec du détergent dans du solvant Stoddard, sorte d’essence minérale utilisée pour le nettoyage à sec. La solution nettoyante a été appliquée sur les sections de fourrure, et la saleté qui s’en dégageait était absorbée par un papier buvard de coton disposé en dessous. Comme le solvant est toxique, nous avons effectué cette opération sous une hotte de laboratoire qui extrait les vapeurs nocives (autrement dit, ne faites pas ça à la maison!). Le traitement a permis de retirer la saleté noire, laissant la fourrure propre et lustrée.
Il y avait aussi quelques trous dans la tête des chèvres, dont on avait malheureusement perdu les cornes. Nous les avons remplacées en sculptant de nouvelles cornes dans un mastic époxyde de qualité conservation. Les deux composantes malléables du mastic sont mélangées pour obtenir une pâte que l’on sculpte comme de l’argile et qu’on laisse ensuite sécher jusqu’à durcissement. Les cornes ont ensuite été peintes et insérées dans la tête des chèvres. Pour la forme des cornes, nous nous sommes inspirés d’images de jouets semblables au lieu d’essayer d’obtenir une représentation scientifique exacte de la Capra aegagrus hircus, la chèvre domestique.
Deux adhésifs différents ont été utilisés pour recoller les pièces du jouet. Pour réparer les fragiles rubans de soie déchirés, nous avons employé de fines bandes de papier de soie japonais teint en bleu avec de la peinture acrylique. Nous les avons fixées avec un adhésif à faible pouvoir collant à base de méthylcellulose. Pour recoller la lanterne qui s’était détachée du cadre de métal de la charrette, nous avons utilisé un adhésif plus fort, de la colle époxy non jaunissante, afin qu’elle demeure solidement en place et bien droite.
Il peut être particulièrement agréable de conserver et de restaurer des jouets, car si la restauration exige un travail rigoureux combinant art et science, il y a quelque chose de ludique à faire de la sculpture, de la peinture et du collage lors d’un traitement de restauration.