L’univers enchanté de Margarete Steiff
Découvrez l’histoire de cette entrepreneure allemande s’étant vouée, dès le début de sa carrière, à l’émerveillement des petits et des grands.
14 décembre 2020
Chaque saison des fêtes depuis 1947, les vitrines mécaniques du magasin Ogilvy, situé rue Sainte-Catherine Ouest, éblouissent petits et grands avec leur monde magique et imaginaire. Conçues sur mesure par le fabricant de jouets allemand Steiff, ces vitrines ont pour thèmes Le village enchanté et Le moulin dans la forêt. Elles nous plongent dans un décor bavarois mettant en vedette une multitude d’animaux faits à la main.
L’histoire de la compagnie Steiff est avant tout celle d’une femme remarquable qui, en dépit d’un lourd handicap et d’un combat ardu pour obtenir une reconnaissance, fondera ce qui deviendra la plus célèbre fabrique de jouets en peluche au monde.
Margarete Steiff (1847-1909) est née à Giengen, en Allemagne. Frappée par la poliomyélite à l’âge de 18 mois, elle restera paralysée des deux jambes et partiellement du bras droit. Jeune femme déterminée, elle suit une formation de couturière et ouvre un atelier de couture. En 1879, elle découvre dans le journal Modenwelt le patron d’un petit éléphant en tissu dont elle confectionne pour Noël cinq exemplaires en feutre et en laine. L’enthousiasme qu’ils suscitent, en particulier auprès des enfants qui les reçoivent en cadeau, est tel qu’elle décide de développer ce marché, diversifiant peu à peu son offre.
Lorsque paraît son premier catalogue de vente en 1892, la gamme des peluches proposées est impressionnante : à son éléphanteau se sont ajoutés de nombreux animaux de zoo et de ferme. C’est en 1903 qu’elle lance sur le marché son premier ourson, qui deviendra le complice préféré des enfants. L’entreprise fondée par Margarete Steiff continue aujourd’hui à fabriquer des peluches de toutes sortes qui restent fidèles à sa vision initiale : « Seul le meilleur est assez bon pour les enfants! »
À compter de 1911, la compagnie Steiff produit des vitrines animées, peuplées d’animaux mécaniques, que les magasins peuvent louer ou commander – une excellente façon de divertir les enfants tout en faisant la promotion de leur marchandise. John Aird Nesbitt, propriétaire de La Maison Ogilvy de 1927 à 1985, en achète deux – Le village enchanté et Le moulin dans la forêt.
Ces vitrines, qui ont aujourd’hui plus de 70 ans, représentent la mission même de l’entreprise de Margarete Steiff : émerveiller des générations d’enfants. Semblables à celles d’autres grands magasins à travers le monde, comme Macy’s à New York ou les Galeries Lafayette à Paris, ces vitrines figurent parmi les dernières de ce genre en Amérique du Nord. Elles ont été léguées au Musée McCord en mars 2018 par Holt Renfrew dans le but de préserver et d’assurer la pérennité de cette tradition montréalaise iconique.