Nouvelle

12 janvier 2023

Élisabeth Kaine, Ghislain Picard, Jonathan Lainey et Suzanne Sauvage lors de l'ouverture de l'exposition Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience © Rémi Hermoso, 2021

Élisabeth Kaine – 1955 – 2022

Annonces institutionnelles

C’est avec énormément de tristesse que nous apprenions lundi dernier le décès subit d’Élisabeth Kaine, commissaire de l’exposition permanente Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience (Prix d’histoire de la Gouverneure générale en 2022) et collaboratrice de longue date du Musée. Déterminée et talentueuse, cette femme d’exception a porté la voix des communautés autochtones jusque dans nos musées. Par son aura exceptionnelle, son humanisme, sa sagesse et sa vivacité d’esprit, elle a su guider avec passion et bienveillance nombre d’institutions muséales sur le sinueux chemin de la réconciliation. Nos pensées accompagnent ses proches et toutes les personnes – nombreuses – qu’elle a touchées de sa lumière.

Nous avons demandé à Jonathan Lainey, conservateur, Cultures autochtones et à Guislaine Lemay, conservatrice, Culture matérielle, qui ont eu la chance de collaborer étroitement avec Élisabeth Kaine de nous parler de la personne qu’elle était et de l’impact qu’elle a eu sur leurs vies professionnelles et personnelles.

Une mentore inspirée et inspirante

Bien que nos familles wendat soient reliées, et bien que je voyais régulièrement circuler son nom dans le monde académique et muséal, ce n’est que lorsque j’ai commencé à travailler au Musée McCord Stewart il y a trois ans que j’ai réellement connu Élisabeth. On s’est tout de suite bien entendu. Je l’aimais beaucoup. Douce et sensible, forte et persévérante, attentive et à l’écoute, passionnée et généreuse, il était facile et rassurant de travailler aux côtés d’Élisabeth.

Son départ soudain laissera certainement un grand vide. Malgré sa retraite récente du monde universitaire, nous avions encore des projets ensemble et je comptais bien la conserver comme personne-ressource, comme mentore, pendant encore longtemps. Elle m’a beaucoup appris au cours des trois dernières années.

Quand j’ai pris connaissance des activités de la Boite Rouge Vif en 2015, j’ai tenu à leur dire que leurs démarches et leurs approches étaient en avance de dix ou quinze ans sur ce qui se faisait ailleurs en études autochtones. Favorisant le dialogue, la concertation et la relation d’égal à égal, leur méthodologie collaborative permet réellement de faire entendre et de considérer les voix et perspectives des Autochtones dans le développement de projets les concernant.

Élisabeth croyait au changement des pratiques, des mentalités et des institutions. Malgré la lenteur du processus, elle constatait que les choses avaient beaucoup changé au cours des dernières années, même s’il reste tant à faire. Élisabeth demeurera pour plusieurs une source d’inspiration et il est à souhaiter que sa contribution et son message se perpétuent à travers nos actions, individuelles et collectives.

Jonathan Lainey, conservateur, Cultures autochtones

Détermination et persévérance

Lorsque nous avons commencé à travailler à la préparation de l’exposition Voix autochtones, j’ai amené Élisabeth et Jean St-Onge dans la réserve – ils y ont passé quelques semaines à regarder les objets afin d’identifier ceux qui pourraient être présentés dans l’exposition. Je me souviens de son excitation alors qu’elle ouvrait les tiroirs – chaque objet était pour elle un chef-d’œuvre – chef d’œuvre artistique et de design. Elle parlait souvent de l’ergonomie de ces objets. Pour elle, ils étaient un moyen de bâtir un pont entre les cultures autochtones et non autochtones. Elle disait souvent qu’ils portaient en eux les savoirs, les traumas et la résilience des peuples autochtones et, par ce fait même, étaient des vecteurs idéaux pour les rendre visibles, pour les raconter.

Élisabeth était une personne intelligente, combattante, passionnée et passionnante, généreuse de son temps et de son savoir, intègre et dévouée. Elle se disait souvent têtue, mais ce qu’elle voyait comme de l’entêtement, je le voyais comme de la détermination et de la persévérance. Elle voulait que les choses changent et était prête à en prendre le poids sur ses épaules, ce qu’elle a fait avec toute sa force, convaincue qu’elle pouvait contribuer à ce changement. Je ne la connaissais que depuis trois ans, mais elle a profondément marqué ma vie tant professionnelle que personnelle. 

De manière plus personnelle, Élisabeth était une amie incroyable – avec un cœur en or – que j’ai rencontrée alors que je vivais des moments extrêmement difficiles. Toujours à l’écoute.  Je peine à accepter sa disparition. J’ai le cœur brisé pour sa famille, pour son conjoint Jean. J’ai eu une chance inouïe de l’avoir dans ma vie, même pour une si courte durée.

Guislaine Lemay, conservatrice, Culture matérielle

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