Nouvelle
11 septembre 2024
À toutes ces femmes que l’on ne nommait pas de Michaëlle Sergile
Communiqué de presse
Explorer la relation entre l’histoire et la violence de l’archive
Montréal, le 11 septembre 2024. – Le Musée McCord Stewart présente À toutes ces femmes que l’on ne nommait pas, de Michaëlle Sergile, à l’affiche du 13 septembre 2024 au 12 janvier 2025. Mêlant archives et fiction, cette exposition témoigne des origines du premier collectif créé par des femmes noires au Québec, le Coloured Women’s Club of Montreal (CWCM, ou Club des femmes de couleur de Montréal). S’inspirant du concept de fabulation critique théorisé par l’auteure américaine Saidiya Hartman, Michaëlle Sergile explore la relation entre l’histoire et la violence de l’archive.
Le CWCM
Le CWCM a été le sujet de plusieurs travaux de recherche de l’artiste. Ce collectif a été fondé en 1902 par des femmes noires regroupées afin d’aider les familles migrantes à trouver un logement et à obtenir un soutien financier. Ce collectif a vu le jour à une époque où les noms de nombreuses femmes noires étaient très souvent absents des archives montréalaises. Si le programme Artiste en résidence du Musée McCord Stewart a permis à l’artiste d’affiner ses connaissances sur l’histoire de l’organisation et des femmes qui en ont été les instigatrices en explorant les collections du Musée, il constitue surtout l’occasion de faire connaître au public une organisation qui a joué un rôle clé dans le développement de la communauté de la Petite-Bourgogne. L’exposition invite aussi à réfléchir, d’une part, à cet effacement systémique et, d’autre part, au contexte dans lequel vivaient ces femmes. Comme l’explique Michaëlle Sergile : « En célébrant à la fois ces femmes sans nom et celles qui ont créé le Coloured Women’s Club, l’exposition sert d’espace de réflexion, invitant le public à participer à la reconstruction de leurs histoires. »
Analyse critique des collections
Réalisée dans le cadre du programme Artiste en résidence – qui invite les artistes à poser un regard critique et conceptuel sur les collections du Musée McCord Stewart –, la création de cette exposition a été l’occasion pour Michaëlle Sergile d’explorer la collection Photographie du Musée, à la recherche d’images de femmes noires ayant vécu dans les années 1870 à 1910. L’artiste a pu constater que, peu importe leur statut social, ces femmes restaient en grande majorité anonymes dans les rares preuves que l’on conserve de leur existence, rendant aujourd’hui leur identification difficile.
Tisser les archives
Pour Michaëlle Sergile, la création est un moyen de faire face aux limitations des archives, ainsi que d’imaginer et de reconnaître pleinement le vécu de celles dont nous ne possédons que quelques traces. Le choix du tissage comme moyen d’expression s’imposait pour exprimer les réalités des femmes noires présentées dans l’exposition, car de nombreux parallèles peuvent être dressés entre les thématiques abordées et le tissage. Souvent associée à l’artisanat, cette technique est encore peu exploitée par les artistes. Pour preuve, seulement trois métiers Jacquard assistés par ordinateur – utilisés par Michaëlle pour créer ses œuvres – sont accessibles à Montréal.
« Quand j’ai commencé à travailler le textile, j’ai remarqué qu’il y avait une déconnexion entre les arts visuels et l’artisanat, comme si ces deux notions ne pouvaient pas cohabiter. Cela allait très bien avec la façon dont je réfléchissais aux archives, parce que je m’intéressais beaucoup à tout ce qui avait été mis de côté. Je trouvais que le tissage lui-même était en marge. C’était très beau de voir des mots comme “métissage”, où il y a le mot “tissage” qui est déjà associé, tout comme “texte” et “textile”. »
Pour sa première exposition solo en contexte muséal, l’artiste a réalisé sept tissages originaux sur métier Jacquard. Trois d’entre eux reconstituent des images sélectionnées dans la collection Photographie du Musée, et les quatre autres illustrent des portraits de membres du CWCM. Des photographies d’archives et des objets issus des collections du Musée complètent l’installation.
« Après l’exposition de Karen Tam consacrée à la communauté sino-montréalaise, le programme Artiste en résidence du Musée McCord Stewart offre aujourd’hui à Michaëlle Sergile une plateforme pour souligner le rôle de femmes et d’une organisation communautaire afrodescendantes au sein de notre société, et une occasion de porter un regard critique sur les silences de nos collections. Ce type de projet est essentiel à la démarche de décolonisation du Musée », souligne Anne Eschapasse, présidente et cheffe de la direction.
« À toutes ces femmes que l’on ne nommait pas ne se contente pas de commémorer le passé, mais propose une réflexion profonde sur la création de mémoires et l’importance de l’identification. Par les archives, j’arrive à exprimer ce que je n’arrive pas toujours à dire. C’est une belle façon d’être en correspondance avec des gens qui ont existé et qui ne sont plus là aujourd’hui, et de leur donner une pérennité dans leur discours. Je trouve qu’il y a quelque chose de très beau et de puissant dans le fait de réfléchir à toutes les personnes qui ont eu ces pensées avant soi et de pouvoir les associer à la période dans laquelle on vit », explique Michaëlle Sergile.
Michaëlle Sergile
Michaëlle Sergile est une artiste et commissaire indépendante travaillant principalement à partir d’archives de la période postcoloniale, de 1950 à aujourd’hui. Son travail artistique vise à comprendre et à réécrire l’histoire des communautés noires, et plus précisément celle des femmes, par l’intermédiaire du tissage. Traditionnellement associée à l’artisanat et à la féminitude, cette technique lui permet d’interroger les rapports de domination liés au genre et à l’appartenance ethnique.
Elle a récemment exposé son travail au Musée national des beaux-arts du Québec, au Musée d’art de Joliette, à la Fonderie Darling ainsi que dans le cadre du OFF de la Biennale de Dakar, au Sénégal. Son nom a également figuré sur la longue liste du prestigieux Prix Sobey pour les arts en 2022. En 2023, elle a remporté le Prix de l’artiste en arts visuels de l’année au Gala Dynastie et entamé une résidence à la Fonderie Darling.
Programme Artiste en résidence
Le programme Artiste en résidence invite les artistes à porter un regard critique et conceptuel sur les collections du Musée McCord Stewart en réfléchissant aux relations entre leur pratique artistique, les objets et les histoires qui se révèlent au fil de leurs recherches.
Au terme de chaque résidence, les artistes présentent une exposition individuelle comportant des œuvres créées pour l’occasion. Cette initiative de recherche et de création les encourage à livrer une interprétation discursive et hypothétique des collections, et à proposer de nouvelles façons d’interpréter l’histoire sous ses multiples formes. Pour la 13e édition du programme, le Musée accueille l’artiste Michaëlle Sergile.
Crédit et commissariat
Une exposition conçue par le Musée McCord Stewart.
Gestion de projet : Caroline Truchon, chargée de projets, Expositions
Conservation : Mathieu Lapointe, conservateur, Archives
Design graphique : David Martin
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Communiqué PDF
Communiqué WORD
Images de presse
Photographies objets
Vues d’exposition
Photographie de Michaëlle Sergile
Activités en marge de l'exposition
Considérer l’archive : discussion entre Michaëlle Sergile et l’artiste-chercheuse Kessie Theliar-Charles
Mercredi 25 septembre 2024, 12 h à 13 h – En ligne
Public : Adulte
Explorer les archives des communautés noires de Montréal nécessite des modes de travail alternatifs pour retracer ce qui est resté dans l’angle mort des institutions de savoirs traditionnels. Ce dialogue s’intéresse à l’usage des archives et de l’archivage, au cœur de la pratique de Michaëlle Sergile, permettant l’inscription du corps des femmes noires dans le temps et l’espace. Comment articuler cette présence, face au défi de reconstituer, de reconnaître et d’apprécier un passé qui a été nié et dont il ne reste que traces et fragments ?
Activité en français. Discussion et période d’échanges avec le public en français et en anglais.
Projection et discussion autour du documentaire Mami Wata
Mercredi 16 octobre 2024, 18 h à 19 h 30 – Gratuit – Au Musée
Le Musée convie le public à la projection du documentaire Mami Wata de Monik Dofen, assistée de Petunia Alves. La projection sera suivie d’une table ronde animée par Michaëlle Sergile, avec Désirée Rochat et Brenda Paris.
Activité en français. Discussion et période d’échanges avec le public en français et en anglais.
Places limitées, réservation obligatoire sur le site Web du Musée.
Projection du film Drift
Mercredi 23 octobre 2024, 18 h à 20 h – Gratuit – Au Musée
Le Musée, en collaboration avec le Festival Massimadi, invite le public à la projection du film Drift, d’Anthony Chen.
Activité en anglais (et en grec).
Places limitées, réservation obligatoire sur le site Web du Musée.
Lancement du site Web Black Samaritan : valoriser les archives de la Union United Church
Vendredi 8 novembre 2024, 16 h à 19 h – Gratuit – Au Musée
Le Musée invite le public à célébrer le lancement du site Web Black Samaritan. Fruit de plusieurs années de travail de Michaëlle Sergile et Nancy Oliver-MacKenzie, la plateforme permettra de mettre en lumière les actrices et acteurs des communautés noires montréalaises ainsi que les archives de la Union United Church.
Activité en anglais. Places limitées, réservation obligatoire sur le site Web du Musée.
Le Musée McCord Stewart
À propos
Ancré à Montréal depuis plus de 100 ans, le Musée McCord Stewart témoigne de l’histoire de la ville – métropole du Québec –, de son rayonnement au Canada et dans le monde, ainsi que de la vitalité, de la créativité et de la diversité des individus et des communautés qui la composent.
Il amplifie leurs voix par l’interprétation et la diffusion du remarquable patrimoine dont il est le gardien, soit six collections riches de 2,5 millions d’images, d’objets, de documents et d’œuvres d’art qui le positionnent comme l’un des musées de référence en Amérique du Nord.
Engagé dans une démarche de décolonisation et dans la mise en œuvre de pratiques muséales durables, il conçoit des expositions et des activités éducatives, culturelles et citoyennes stimulantes qui portent un regard critique et inclusif sur l’histoire sociale et les enjeux contemporains qui touchent ses publics, les incitant à l’action pour une société plus juste.
Heures d'ouverture et tarifs
Heures d'ouvertue
Horaire habituel
Du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h, à l’exception du mercredi (de 10 h à 21 h)
Horaire spécial
Action de grâce – Lundi 14 octobre : 10 h à 17 h
Lundi 23 décembre : 10 h à 17 h
Noël – Mercredi 25 décembre : Fermé
Lendemain de Noël – Jeudi 26 décembre : 12 h à 17 h
Lundi 30 décembre : 10 h à 17 h
Jour de l’An – Mercredi 1er janvier : Fermé
Lendemain du jour de l’An – Jeudi 2 janvier : 12 h à 17 h
Tarifs
Adultes : 20 $ | Aîné·e·s : 19 $ | Étudiant·e·s (18 à 30 ans) : 15 $ | Personnes autochtones : gratuit | 17 ans et moins : gratuit*
Mercredis soirs : gratuit (exposition À toutes ces femmes que l’on ne nommait pas et exposition permanente) ou 10 $ (expositions du 2e étage).
Rabais de 2 $ sur les achats de billets en ligne.
Premier dimanche du mois : gratuit pour les résidentes et résidents du Québec.
À moins d’un avis contraire, la participation aux activités est incluse dans le prix d’achat d’un billet donnant accès aux expositions.
Le Musée McCord Stewart remercie chaleureusement BMO Groupe financier pour les mercredis soirs gratuits, la Fondation J.A. DeSève pour la gratuité accordée aux enfants de 12 ans et moins, ainsi que la Fondation Rossy pour la gratuité accordée aux jeunes de 13 à 17 ans.
* Gratuité pour les jeunes de 17 ans et moins sur présentation d’une pièce d’identité jusqu’au 30 juin 2025. Offre valable pour les visites grand public seulement. Les groupes de plus de 15 personnes et les groupes organisés doivent se référer aux tarifs de groupe.
* Gratuité pour les enfants de 12 ans et moins. Maximum de trois enfants par adulte. Offre valable pour les visites grand public seulement. Les groupes organisés doivent se référer aux tarifs de groupe.